Une séparation est toujours très douloureuse à vivre (que l’on quitte, ou que l’on soit quitté). Tout est alors remis en question, tout est bouleversé au plus profond de chacun, enfants, parents, famille, amis.
Le choix du mode de garde est un sujet très « touchy », notamment depuis 2002, date à laquelle a été adoptée et reconnue juridiquement la garde (ou résidence) alternée qui permet aux deux parents d’exercer leur autorité parentale conjointe et de manière égale dans le temps.
Lors d’une séparation, il n’est pas aisé de se dire que nous prenons la bonne décision quand au mode de garde, car chacun (juges, psychologues, parents) avance des arguments convaincants concernant chacun des systèmes. Défendant le bien fondé de chacun des modes, avec néanmoins cette vision très ou trop personnelle, très ou trop professionnelle qui ne peut s’appliquer à toutes les familles.
La garde alternée a été le choix qui « s’imposait » à notre séparation, en prenant en compte les arguments avancés par l’un et l’autre des parents (non pas que je prônais ce mode de garde, mais tel a été le consensus).
J’aurais aimé, à l’époque, pouvoir m’appuyer sur du vécu, sur des témoignages pour me rassurer, me conforter, me réconforter dans ce choix, mais à part des ouvrages alarmants sur la question, ou des forums dont les auteurs des sujets présentaient des situations familiales catastrophiques, rien n’avait pu m’apporter ce que je cherchais à ce niveau-là. C’était donc plonger dans l’inconnu.
Cela fait un moment que la question des émotions engendrées par une séparation me trottait dans la tête, et que je voulais coucher cela, pour les accepter, accepter d’en parler. Mais jusque-là, cet évènement était encore trop récent, trop à chaud pour pouvoir l’aborder avec un tant soit peu de discernement.
Il me semble avoir maintenant ce recul. Et puis, il y a eu cette question, qui peut paraître anodine, que m’a adressée ma maman, il y a quelques jours, « Tu dois souffler un peu et te dire OUF parfois quand elles retrouvent leur père ? ». Cette question à laquelle j’ai pu répondre en toute franchise et en avouant que « Oui ».
Ainsi que cette remarque de ma fille qui parlait (d’une manière naïve et amusée) d’une de ses amies dont les parents sont également séparés « Tu sais, X me disait que les points positifs de la séparation de ces parents, est que quand elle commence à en avoir marre de l’un, c’est le moment où elle part chez l’autre » (gloups !!!). Ces deux phrases ont été les éléments déclencheurs.
Les premières années de cette organisation familiale n’ont vraiment pas été évidentes côté émotions pour les uns et les autres. Difficile de gérer cette alternance que j’appellerais valse des sentiments. Encore aujourd’hui, même si la situation s’est apaisée, subsiste une ambivalence pas forcément évidente à dompter.
Entre angoisse du temps perdu et acceptation de temps pour soi
Après des débuts vraiment ardus à vivre au moment de la séparation (pleurs, période de grand vide, angoisse de l’inconnu, culpabilité), et aux moments passés ensemble à gérer seule la petite famille (où l’on est obligé de revoir sa position éducative puisqu’un seul pilier parental) ce melting pot de sentiments laisse place progressivement à ce que je qualifierais d’ambivalence des sentiments.
Ce moment où tu réalises que tu vas devoir « partager » tes enfants perpétuellement, cette culpabilité qui ronge et l’inavouable sentiment de souffler quand ils ne sont pas là. Inavouable car certainement imposé par la situation, inavouable par peur de passer pour une mauvaise mère. Mais il faut bien tout de même réussir à accepter ce sentiment puisque la situation n’offre pas d’autre issue ; réussir à lâcher prise peut être une solution, et ne pas chercher à aller contre, accepter la situation, cela me paraissait insurmontable fut un temps cela se traduisait par de la colère au fond de moi.
Entre manque et besoin de le combler
Les premiers temps qui ont suivi la séparation se sont traduits par un sentiment d’énorme manque, de vide lors de l’absence des filles. Géré initialement sous forme d’enfermement, un repli sur soi, pas d’envie de sortir (comment se le permettre alors qu’elles ne sont pas là ?).
Et puis, venir doucement accepter la situation, et trouver la force de passer outre et s’allouer ce temps pour soi, se permettre de « vivre » malgré l’absence. Au fil du temps, l’absence, le manque, le vide, sont toujours présents mais plus profond si je puis dire, un peu plus enfouis au creux de soi, pour laisser justement de la place au SOI.
Une gestion différente du temps pour pouvoir trouver son équilibre et son (et leur) bien être
La gestion du temps peut ressembler à une vague, passer par des phases de calme relatif (avec des moments qui semblent longs pendant leur absence, mais pendant lesquels on peut s’octroyer de souffler) à des phases hyperactives en leur présence.
Etre capable de s’y préparer est primordial pour le vivre plus sereinement.
Et puis, subsiste constamment ce temps d’adaptation même au fil des ans (et j’imagine d’autant plus pour mes filles qui changent de « maison »), au moment où on les laisse partir et surtout au moment des retrouvailles. Pas forcément évident à gérer à chaque alternance. Les retrouvailles sont un moment de transition délicat à gérer (il peut être source de colère, de conflit, l’autre est tellement attendu…) :
- Savoir accueillir l’enfant avec son état d’esprit actuel,
- Savoir gérer l’impatience, la joie des retrouvailles,
- Savoir accepter le stress engendré par ce tumulte d’émotions.
Cela représente vraiment un énorme travail sur soi.
C’est probablement ce genre de témoignage que j’aurais souhaité lire à l’époque (bien que je me doutais que côté émotions, cela n’allait pas être de tout repos).
Pour peut être pouvoir se préparer un peu à ce flot incessant, oser avouer (et s’avouer) certains sentiments, accepter la situation avec moins de culpabilité, pouvoir lâcher prise, prendre du temps pour soi pour pouvoir en donner autant aux retrouvailles…