Je ne pouvais pas laisser ma plume de côté après les évènements de ces derniers jours qui ont eu le don de me faire monter la moutarde au nez (expression bien ringarde pour rester polie !).

Je lis et entends ça et là des interviews, rondements menés par des journalistes bien orientés que l’on aura bien briefés pour générer de l’audience, sur cette fameuse grève d’aujourd’hui. De-ci, des parents désabusés qui ne savent comment s’organiser pour faire garder leurs enfants, de-là, des usagers en colère.

Oui je suis de ces privilégiés qui ont un droit de grève et que j’ai fais prévaloir ce jeudi 22 mars.

« Comment se fait il que nous soyons informés si tardivement ? »
(NDLR : délicat mot dans le cahier de correspondance glissé par l’un de mes parents d’élèves, suite à ma note informant que je serai en grève le 22 mars.) Aucune formule de politesse, à mon égard, juste quelques mots jetés sur les lignes en guise de mécontentement…

Je crois que cela résume bien la situation. L’irrespect de la profession cela te dit quelque chose ? parce qu’à vrai dire cela résonne, malheureusement, de plus en plus en moi. L’individualisme, aussi…

Preuve qu’au lieu de soutenir le corps enseignant, on préfère le rabaisser ; c’est bête puisque je suis là pour enseigner à (et de plus en plus éduquer -sic-) tes enfants.

Non mais, à votre avis, en tant qu’enseignante, si je fais grève, quelles sont mes raisons ?

– Juste t’embêter un jour de mars (oui je sais le printemps se fait désirer on a le moral dans les baskets…) ?

– Perdre une journée de salaire pour me la couler douce ?

Ce serait tellement simple ! Au risque de te décevoir, toi le parent irrespectueux, si je fais g(rêve), c’est juste parce que je rêve d’un avenir meilleur pour ton enfant (enfin les miens aussi) parce qu’avec ce qui se profile à tous les niveaux éducatifs (primaires, secondaires, universités), je m’inquiète pour eux, si, je t’assure.

Parce que j’en ai assez que les classes soient surchargées, alors que plus haut, l’on prône l’importance de l’échange, du langage et de la communication (c’est certain qu’avec une trentaine d’enfants par classe, les échanges sont présents (pas tels que l’on peut les imaginer…),

Parce que je sature de voir à quel point les personnes que l’on intègre aux équipes (certaines AVS, contractuels, animateurs) ne sont pas formées pour répondre aux besoins des élèves, 

Parce que oui, avec un bac +5, j’ose me lamenter d’avoir le salaire enseignant le plus bas d’Europe,

Parce que je découvre en janvier qu’il manque 30 euros aux nombres en bas de ma fiche de paie, (je te laisse faire le calcul sur l’année),

Parce que d’année en année et de jour en jour, les incivilités à l’égard du corps enseignant (et autres métiers liés à l’humain) sont grandissantes, adultes, enfants confondus,

Parce que fin mars se tiennent des assises sur l’avenir de l’école maternelle (force de notre pays) et qu’il semblerait que l’on tende vers un système qui engloberait les 1-6 ans hors éducation nationale,

Alors oui, moi l’affreuse enseignante j’ose montrer par ma grève que je ne suis pas d’accord et que je RÊVE à mieux pour eux,

Si tu ne comprends pas cela, tu confirmes ce que je viens d’évoquer plus haut (manque de respect, individualisme et incivilités), et je suis bien peinée de vivre et faire évoluer mes enfants dans ce contexte…

A bon entendeur.